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Le génie ne connaît point ces barrières-là. Il s’affirme. Lux facta est.

Un tyran impitoyable, c’est l’oreille. Rien ne résiste à son despotisme. La routine lui fait surtout horreur. À peine certaines pages, illuminées d’un chaud rayon d’inspiration, échappent-elles comme par miracle à sa soif destructrice.

Heureusement, sur ces ruines accumulées s’élèvent de nouveaux édifices, capables de braver longtemps encore les fureurs de cet agent impitoyable, que Cicéron nomme judicium aurium superbissimum.

Dans ce temple, fraîchement construit, on ne se contente plus de sacrifier à certains phénomènes moraux et physiques, imposés par la convention ; on dresse des autels à tout ce qui se meut au fond et à la surface de ces deux mondes de la matière et de l’esprit, trop longtemps réputés inaccessibles.

Ah ! nous voilà loin d’un certain programme stéréotypé, qui se limitait, d’un côté, aux subdivisions banales de la colère, de l’amour, de la tristesse, et, de l’autre, aux dérivés de l’eau qui coule, du tonnerre qui gronde, du feu qui s’allume.

Un génie puissant est presque l’égal de Dieu.

À son gré, il décompose indéfiniment un