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rayon de lumière, et en tire les couleurs les plus riches et les plus variées. Il combine de même le son, pour lui emprunter les harmonies les plus caractéristiques et les plus étonnantes.

Laissez donc cette palette du musicien, comme celle du peintre, concourir à l’Harmonie universelle par les moyens nombreux dont elle dispose. Craignez, en en retranchant un seul, de l’écarter du vrai but de la création.

Et votre centre commun ? Et votre point de rappel ? Et vos intervalles ? Et vos gradations ?

Foin de tout cela !

« L’univers entier est aux beaux-arts, » s’écrie un esthéticien du siècle dernier. Mais, immédiatement après vient ce piteux correctif : « On ne doit en faire usage que selon les lois de la décence. »

Décence se dérive de decere. Cette racine seule est la condamnation de la clause restrictive du malavisé législateur. Toujours l’artificiel, toujours l’étroit, le convenu : quod decet.

Pardonnons-lui, car c’est à sa sagacité, cette fois incontestable, que l’on doit la thèse bien avancée pour l’époque où il la produisit :

« La plus mauvaise de toutes les musiques est celle qui n’a point de caractère. Il n’y a pas de son dans l’art qui n’ait son modèle dans la