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par la flûte[1]. Elles semblent empreintes d’un parfum de chasteté qu’elles répandent dans l’atmosphère et qui paraissent suivre Lohengrin à travers les sinuosités des flots…

Quand la lumière se mêle à ce coloris, déjà si chatoyant, dans l’incomparable scène où Psyché veut connaître l’époux que les Dieux lui ont donné, quels séduisants effets d’optique, quels mirages enchanteurs !

Figurez-vous les Alpes neigeuses éclairées au soleil. Des paillettes d’or s’échappent de cette nappe blanche scintillante, qu’enveloppe une atmosphère azurée et prismatisée.

Les deux instruments, enlacés les uns aux autres, se confondent dans une mutuelle ivresse et s’imbibent de clartés radieuses et magiques.

Au soir, les blanches nuées, les tons diaprés, se voilent d’une teinte grisâtre, transparente aussi, mais discrète et calme comme la douce lueur de la lune.

C’est le tête-à-tête mystique, soupiré par le quatuor à cordes en sourdines. Aux doux susurrements de la flûte et du hautbois, succèdent les sons clair-obscur de la clarinette. Une

  1. Par un trait de génie qui remonte à deux siècles, la flûte, blancheur de l’aube, est opposée aux ténèbres qui disparaissent, dans le Faëton de Vondel.