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dernière fois, le chant d’amour nuptial s’épanche, quand Elsa s’éloigne sous le coup d’une sorte de malédiction, amenée par son indiscrétion fatale.

Cette intervention de la clarinette, au milieu de la joie changée en deuil, est sublime. C’est pour ainsi dire la flûte munie d’un crêpe funèbre.

Encore un trait de pinceau du génie !

Gounod a tenté d’imiter le procédé des instruments blancs dans son Faust. Mais quelle énorme distance entre le modèle et la copie ? Wagner a, sur son imitateur, l’inappréciable avantage de laisser à l’héroïne du drame son caractère de naïve candeur, à partir de l’introduction jusqu’au dénoûment.

Gounod, au contraire, est forcé, par les péripéties de son poème, d’abandonner, dès le troisième acte, la note douce dont il s’était servi précédemment. Dès lors, on le conçoit, le caractère de Marguerite marche à l’aventure.

Comment exprimer Gretchen coupable ? Comment la dépeindre réhabilitée devant Dieu ? Tout cela est resté à l’état embryonnaire. Disons mieux : à l’état imperceptible, nul.

La différence essentielle entre les races germanique et gauloise se dessine ici d’une façon frappante.