doctrine, et elle y aurait sans doute mené, si la méthode métaphysique n’était pas entachée d’un vice radical qui lui interdisait une telle transformation. C’est donc un complément, je peux dire nécessaire, que d’annexer ici les notions principales qui caractérisent la nouvelle doctrine, pour ceux du moins qui ont entendu dire que quelque part il se préparait de quoi satisfaire aux besoins intellectuels et moraux des générations modernes. Quant à ceux qui ne connaissent pas même de nom la doctrine positive, je susciterai peut-être en eux le désir de s’en enquérir davantage, et de changer, pour des croyances stables et chères, l’état sceptique de libres penseurs où ils sont nécessairement, puisqu’ils me lisent.
De la sorte, les deux motifs qui me déterminent sont connexes. Que si l’on me demandait pourquoi je n’ai pas fait, lors de la première édition, cette préface, je répondrais que pour moi aussi le temps a cheminé, non sans profit. Il y a dix ou douze ans, il ne m’était pas plus possible d’écrire ce que j’écris maintenant qu’aujourd’hui il ne me serait possible d’écrire autre chose. Les convictions positives ont pris domicile en moi, et celui-là comprendra le bienfait qu’elles apportent, qui se représentera le trouble général des esprits, plus grand encore que le trouble des choses, dans l’Occident entier.
En cherchant la différence la plus remarquable entre l’antiquité et le temps moderne, on n’en trouvera pas de plus marquée, ni qui soit plus effective que celle qui touche la croyance au miracle. L’intelligence antique y croit ; l’intelligence moderne n’y croit pas. Là est le signe par lequel on distinguera le plus sûrement des âges qui sont pourtant dans un rapport de filiation, tellement que l’incrédulité des uns ne se serait