Page:Strauss David - Vie de Jésus, tome 1, Ladrange 1856.djvu/116

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prendrons garde à deux écueils, c’est-à-dire que nous ne voudrons, ni nous mettre sur le même terrain que les auteurs d’explications naturelles, par une division grossière et mécanique, ni, en méconnaissant la vérité historique là où elle se montre, faire disparaître l’histoire par un excès de critique.


§ XI.


L’idée du mythe n’a pas été embrassée d’une manière assez étendue.

L’idée du mythe, à sa première apparition parmi les théologiens, ne fut pas seulement saisie avec trop peu de netteté ; on ne l’appliqua pas non plus avec assez d’extension à l’histoire biblique.

Eichhorn ne reconnaissait un mythe véritable que sur le seuil même de l’histoire primitive de l’Ancien Testament ; tout le reste, il croyait devoir l’expliquer historiquement, de la manière naturelle. Ensuite, tout en admettant des portions mythiques dans l’Ancien Testament, on fut longtemps sans songer à rien de semblable dans le Nouveau Testament. Enfin, quand le mythe eut permission d’y entrer, on le tint longtemps encore sur le seuil, c’est-à-dire à l’histoire de l’enfance de Jésus, et tout pas ultérieur lui fut contesté. Ammon[1], l’anonyme E. F., dans le Magasin de Henke, Usteri et d’autres, voulurent établir une distinction importante, quant à la valeur historique, entre les narrations de la vie publique de Jésus et celles de son enfance. Cette dernière histoire, disent-ils, ne peut pas avoir été écrite pendant l’enfance même de Jésus, car alors il n’avait pas encore assez excité l’attention ; elle ne peut pas non plus avoir été écrite dans les trois dernières années de sa vie, car elle a en vue, non Jésus luttant et souffrant, mais Jésus

  1. Progr. quo inquiritur in narrationum de vitæ Jesu Christi primordiis fontes, etc., in Pott et Ruperti, Sylloge comm. theol., n. 5. De même Hase, Leben Jesu, § 32 (2te Aufl.) Tholuck, S. 208 ff. Kern, les principaux faits de l’histoire évangélique, 1er article, Tübinger Zeitsch. für Theol., 1836, 2, S. 39.