Page:Strauss David - Vie de Jésus, tome 1, Ladrange 1856.djvu/118

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placé à l’abri de ses atteintes. Ainsi, comme s’exprime l’auteur d’un examen de la vie de Jésus composée par Greiling[1], on entrait dans l’histoire évangélique par la porte triomphale des mythes, on sortait par une porte semblable ; mais, pour tout l’espace intermédiaire, il fallait se contenter du sentier tortueux et pénible de l’explication naturelle.

Gabler[2], avec qui s’accorde récemment Rosenkranz[3], étendit un peu davantage le point de vue mythique. En effet, il distingua les miracles opérés par Jésus de ceux qui se passèrent en lui, disant que, si les premiers devaient être expliqués naturellement, les derniers devaient l’être mythiquement. Mais, bientôt après, Gabler s’exprime comme s’il entendait, avec les théologiens nommés plus haut, n’admettre les mythes que dans les miracles de l’enfance de Jésus ; c’est restreindre sa proposition : tous les miracles de l’enfance, dans nos évangiles, sont bien des miracles produits en Jésus, et non opérés par lui ; mais il y en a beaucoup de semblables dans le cours du reste de sa vie. C’est aussi en suivant à peu près la division, faite par Gabler, de miracles par Jésus et de miracles en Jésus, que Bauer, dans sa Mythologie hébraïque, paraît s’être décidé sur ce qu’il a cru pouvoir considérer mythiquement ; car il n’a traité de cette façon que la conception surnaturelle de Jésus avec les circonstances extraordinaires de sa naissance, la scène du baptême, la transfiguration, l’ange à Gethsemane, et les anges sur le tombeau. Ce sont, il est vrai, des histoires merveilleuses prises dans toutes les parties de la vie de Jésus ; mais ce sont seulement des miracles (et encore n’y sont-ils pas tous) qui se sont passés dans Jésus ; ceux qui ont été opérés par lui ont été exclus.

  1. Dans Berthold’s Krit. Journal, 5. Bd., S. 248.
  2. Gabler’s Neuestes theol. Journal, Bd. 7, S. 395.
  3. Encyclopædie der theol. Wissenschaften, S. 161.