Page:Strauss David - Vie de Jésus, tome 1, Ladrange 1856.djvu/169

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

temple est décrit se déchirant au moment de la mort de Jésus ; car le motif principal qui paraît en avoir dicté la conception est la position de Jésus lui-même, et, après lui, de ses disciples vis-à-vis le culte juif et le Temple. Ici déjà nous trouvons quelque chose d’historique ; ce n’est, il est vrai, qu’un simple reflet général du caractère et des rapports de l’époque, qui, dans ce cas, donne naissance à l’idée créatrice du mythe ; mais, immédiatement après, nous arrivons sur le terrain du mythe historique.

Le mythe tient à l’histoire quand un fait particulier et précis est le thème dont l’imagination s’empare pour l’entourer de conceptions mythiques qui ont pour point de départ l’idée du Christ. Ce fait est tantôt un discours de Jésus, par exemple les discours sur les pêcheurs d’hommes et sur le figuier stérile, discours que nous lisons maintenant transformés en histoires merveilleuses ; tantôt c’est un acte ou une circonstance réelle de sa vie : ainsi son baptême, événement réel, a été orné des détails mythiques que racontent les évangiles ; il est possible encore que certains récits de miracles aient pour fondement des circonstances naturelles qui ont été ou présentées sous un jour surnaturel ou chargées de particularités miraculeuses.

Les conceptions énumérées jusqu’ici sont toutes désignées, avec raison, comme des mythes, même dans le sens nouveau et plus précis que George a donné à cette expression, en tant qu’une idée est le point de départ de la portion non historique qu’elles renferment, soit que cette portion ait été formée par la tradition, soit quelle ait un auteur particulier ; mais il n’en est plus de même des parties où l’on remarque de l’indécision et des lacunes, des malentendus et des transformations de sens, de la confusion et des mélanges, résultats naturels d’une longue tradition orale, ou bien dans lesquelles on trouve les caractères opposés, c’est-à-dire une vive image et un tableau complet, carac-