Page:Strauss David - Vie de Jésus, tome 1, Ladrange 1856.djvu/226

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tés, aux 19e et 20e, ont les mêmes noms, dont l’un est très célèbre, il s’agit, à n’en pas douter, des mêmes personnes.

Non seulement il ne se trouve, dans le Nouveau Testament, aucune trace qui indique que Marie descende de David[1], mais encore plusieurs passages y sont formellement contraires. Dans Luc, 1, 27, les mots : de la maison de David, ἐξ οἴκου Δαυίδ, se rapportent uniquement aux mots immédiatement voisins : un homme appelé Joseph, ἀνδρὶ ᾧ ὄνομα Ἰωσήφ, et non aux mots plus éloignés : une vierge fiancée, παρθένον μεμνηστευμένην. Mais il faut surtout remarquer la tournure de Luc, 2, 4, quand il dit : Joseph alla aussi, attendu qu’il était de la maison et de la patrie de David, se faire inscrire avec Marie, ἀνέϐη δὲ καὶ Ἰωσὴφ… διὰ τὸ εἶναι ἀυτὸν ἐξ οἴκου καὶ πατριᾶς Δαυίδ, ἀπογράψασθαι σὺν Μαρίᾳ ; il était facile de mettre : attendu qu’ils étaient au lieu de : attendu qu’il était, ἀυτοὺς au lieu d’ἀυτόν, si l’auteur avait cru que Marie descendait aussi de David ; et cette dernière observation démontre l’impossibilité de rapporter à Marie la généalogie davidique du troisième évangéliste, c’est-à-dire de celle même qu’on avait voulu y rapporter.


§ XXII.


Les généalogies ne sont pas historiques.

Si l’on réfléchit aux difficultés insurmontables dans lesquelles tous ces essais de conciliation s’embarrassent inévitablement, on désespérera, avec les commentateurs dont l’esprit est plus libre, de la possibilité d’établir la concorde entre les deux généalogies, et il faudra en reconnaître la con-

  1. On ne voit pas comment Neander, avec Hoffmann, in Luc., 1, 32, veut trouver une telle trace. Au reste, son sentiment de la vérité ne permet pas à Neander de déclarer l’arbre généalogique comme il est dans Lucas, pour celui de Marie. En conséquence, il prend un faux-fuyant, disant que cet arbre s’est peut-être, dans l’origine, rapporté à Marie, mais qu’il n’a pas été mis à sa place dans l’Évangile. Avec tout cela, ne se trouvant pas assuré, il abandonne le rapport qu’ont les deux généalogies. (L. J. Chr., S. 17, Anmerk.)