Page:Strauss David - Vie de Jésus, tome 1, Ladrange 1856.djvu/228

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ne sont pas puisées dans l’Ancien Testament, ou des applications arbitraires à Jésus de généalogies étrangères, nous pourrions encore admettre comme fondement historique, que Jésus descend de David, bien que les degrés intermédiaires de cette descendance aient été suppléés différemment par différents auteurs[1]. Mais un point, duquel on argumente, le voyage à Bethléem des parents de Jésus, voyage occasionné par le cens n’est lui-même, rien moins que certain, ainsi que nous le verrons bientôt, et, dans tous les cas, ne suffirait pas à rendre vraisemblable sa descendance de David. L’autre point a plus de force, à savoir que partout dans le Nouveau Testament, et sans contradiction apparente de la part des adversaires, Jésus passe pour descendant de David. Mais le titre de fils de David peut être une qualification donnée à Jésus, non pour des motifs historiques, mais pour des motifs dogmatiques. Le Messie, d’après les prophéties, ne pouvait descendre que de David. Or, un Galiléen dont la généalogie était inconnue, s’étant acquis le renom de Messie, combien il est facile de concevoir que la légende de sa descendance davidique se soit bientôt développée sous diverses formes, et qu’ensuite ces légendes aient servi à rédiger des généalogies, lesquelles, n’étant pas fondées sur des pièces authentiques, sont nécessairement tombées dans les divergences et les contradictions que présentent entre elles celles de Matthieu et de Luc[2] ! Maintenant, si l’on demande quel est le résultat histo-

  1. Par exemple, Fritzsche, l. c. Cependant (Prolegom. in Matthæum, p. xv), après avoir dit : « Omne studium… eo contulit scriptor (l’auteur du premier Évangile) ut nihil Jesu ad Messiæ exemplar fingi posset expressius, » il paraît indiquer un doute plus étendu dans le titre du premier chapitre, Comm., p. 6 : « Jesus, ut de futuro Messia canunt V. T. oracula, est e gente Davidica per Josephum vitricum oriundus. »
  2. Voyez De Wette, Bibl. Dogm., l. c., et Exeget. Handbuch, 1, 1, S. 14 ; Hase, L. J., l. c. Eusèbe (Ad Steph., quæst. 3, passage indiqué par Credner, 1, S. 68) signale une cause, qui n’est pas invraisemblable, de cette divergence. À côté de l’opinion que le Messie devait provenir de la ligne royale de David, il en était, chez les Juifs, une autre qui, à cette ligne plusieurs fois souillée, et déclarée dans son dernier membre régnant, indigne de posséder ultérieurement le trône (Jérém. 22, 30), préférait une ligne, moins illustre sans doute, mais moins flétrie.