Page:Strauss David - Vie de Jésus, tome 1, Ladrange 1856.djvu/289

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de l’apôtre Jacques le mineur ; la traduction des mots Ἰούδας Ἰακώϐου par Jude frère de Jacques ; l’identité admise entre l’auteur de la dernière Épître catholique avec l’apôtre Jude, tout cela est excessivement incertain, et il suffit ici de le rappeler.

Ainsi le tissu de ces identifications se déchire partout ; nous sommes ramenés au point de départ de nos recherches, et nous avons toujours des frères propres de Jésus, deux cousins différents de ces frères et porteurs des mêmes noms que deux d’entre eux, de plus quelques apôtres ayant aussi les mêmes noms. La dénomination semblable de deux couples de fils dans une même famille n’a rien d’assez extraordinaire pour qu’on s’en étonne ; mais ce qui est embarrassant, c’est que le même Jacques qui, dans l’Épître aux Galates, est désigné comme le frère du Seigneur, ἀδελφὸς Κυρίου, doit être considéré, d’après les Actes des Apôtres, sans aucun doute, comme le fils d’Alphée. Or, il ne peut pas avoir été fils d’Alphée, si les mots frère du Seigneur signifient véritablement un frère.

Dans tous les cas il reste une assez grande confusion, et, si l’on peut en sortir, ce n’est, ce semble, que négativement et sans aucun résultat historique, c’est-à-dire en admettant que, chez les auteurs du Nouveau Testament, et dans la tradition de la primitive Église, il y avait quelque obscurité et des variations sur ce point, variations qui ne peuvent guère manquer de naître dans la complication des noms et des degrés de parenté[1]. Nous n’avons donc aucun motif pour nier que la mère de Jésus ait donné à son mari plusieurs autres enfants plus jeunes et peut-être aussi plus âgés ; car, si le mythe sur la naissance de Jésus le représente, dans le Nouveau Testament, comme le premier-né, le même mythe le représente, dans les Pères de l’Église, comme fils unique.

  1. Theile s’exprime de même, zur Biographie Jesu, § 18.