Page:Strauss David - Vie de Jésus, tome 1, Ladrange 1856.djvu/323

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de ne pas le manquer plus tard, et de le faire disparaître sans en égorger d’autres. Ce fut seulement le manque de parole des mages qui l’obligea à prendre l’autre mesure, pour l’accomplissement de laquelle il avait besoin de savoir quand l’étoile était apparue[1]. Combien donc ne fut-il pas heureux pour lui de s’être informé tout d’abord du temps de l’apparition, même sans avoir encore décidé le massacre ! Aussi combien n’est-il pas inconcevable que, de ce qui dans son premier projet n’était qu’accessoire, il ait fait l’affaire principale et l’objet de sa première question (les ayant appelés, — il s’informa, etc., καλέσας — ἠκρίϐωσε, κτλ., v. 7).

Le second objet de l’entrevue d’Hérode avec les mages est de les charger de s’informer exactement de tout ce qui concerne l’enfant royal et de l’en instruire à leur retour, afin qu’il pût aussi se rendre à Bethléem et lui offrir son adoration, c’est-à-dire, d’après ses intentions réelles, le faire mettre à mort avec sûreté (v. 8). Il est difficile de comprendre que le rusé Hérode s’y soit pris de cette façon, et c’est ce qu’on a remarqué depuis longtemps[2]. Il ne pouvait pas compter que les mages eussent foi en ses paroles, d’autant plus qu’il avait mal caché ses mauvaises intentions ; et, en tout cas, il devait craindre que leur attention ne fût éveillée par d’autres sur la probabilité de ses projets menaçants pour l’enfant, et qu’ils ne revinssent pas lui rendre compte. Il était supposable encore que les parents de Jésus, informés du dangereux intérêt qu’il prenait à leur enfant, se mettraient en sûreté par la fuite ; et que ceux qui, à Bethléem et dans les environs entretenaient l’attente du Messie, ne seraient pas peu fortifiés dans leurs espérances par l’arrivée des mages. Par toutes ces raisons, Hérode devait, ou bien

  1. Fritzsche a dit avec justesse sur ce passage : Comperto, quasi magos non ad se redituros statim scivisset, orti sideris tempore, etc.
  2. K. Ch. L. Schmidt, Exeg. Beitræge, 1, S. 150, f. ; comparez Fritzsche, Comm. in Matth., p. 82, et De Wette.