Page:Strauss David - Vie de Jésus, tome 1, Ladrange 1856.djvu/325

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périr si jeunes, parce qu’une si courte souffrance les a soustraits à beaucoup de misères, et notamment au danger de prendre part au péché d’incrédulité des Juifs à l’égard de Jésus, parce qu’ils ont eu l’honneur de perdre la vie et de devenir martyrs pour la cause du Christ, etc.[1].

Maintenant, les mages quittent Jérusalem de nuit, temps pendant lequel les Orientaux aiment à voyager ; l’étoile, qu’ils ne paraissent plus avoir vue depuis qu’ils ont quitté leur patrie, se montre de nouveau à eux, et les précède sur la route de Bethléem, jusqu’à ce qu’enfin elle s’arrête sur la demeure de l’enfant et de ses parents. De Jérusalem à Bethléem, la route va au sud ; la vraie direction des astres mobiles est de l’ouest à l’est, comme celle des planètes et d’une partie des comètes, ou de l’est à l’ouest, comme celle d’une autre partie des comètes ; et, si plusieurs comètes marchent presque dans la direction du nord au sud, le mouvement propre et véritable de ces astres est tellement surpassé par leur mouvement apparent, que produit la révolution diurne de la terre, et qui va de l’est à l’ouest, que, dans le court intervalle de deux ou trois heures nécessaire pour le voyage de Bethléem, le mouvement réel n’a pu être aperçu, et que tout au plus le mouvement apparent a pu l’être. Mais dans un court voyage ce déplacement des astres frappe moins les yeux que l’illusion d’optique qui est l’effet du déplacement de l’observateur, et en vertu de laquelle un astre placé devant nous paraît, si nous marchons en avant, nous précéder dans les espaces infinis ; par conséquent il ne peut s’arrêter sur une maison déterminée, et engager par là un voyageur à s’y arrêter également ; loin de là, c’est parce que le voyageur s’arrête que l’étoile semble aussi s’arrêter. En conséquence, l’étoile des mages ne pourrait pas avoir été une étoile ordinaire, naturelle ; mais il faudrait, comme l’ont admis quelques Pères de

  1. Stark, Synops. bibl. exeg. in N. T., p. 62.