Page:Strauss David - Vie de Jésus, tome 1, Ladrange 1856.djvu/342

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Ces idées avaient de l’influence sur les Juifs mêmes ; on en trouve du moins la trace dans des écrits juifs postérieurs, où il est dit qu’une étoile remarquable se montra au temps de la naissance d’Abraham[1]. Avec de telles idées, il était facile de s’imaginer que la naissance du Messie avait aussi été annoncée par une étoile, d’autant plus qu’une étoile se trouvait déjà signalée dans la prophétie de Balaam interprétée messianiquement. Véritablement les Juifs firent cette combinaison, car ce sont des rabbins qui ont imaginé qu’au temps de la naissance du Messie une étoile apparaîtrait à l’est et serait longtemps visible[2]. Si le récit de Matthieu est voisin de cette idée simple des Juifs, qui supposaient qu’au temps du Messie une étoile se montrerait, les descriptions apocryphes de l’étoile qui devait signaler la naissance de Jésus[3] se rapportent aux descriptions exagérées de l’étoile qui, suivant des livres juifs, avait présidé à la naissance d’Abraham. Ainsi, évidemment, K. Ch. L. Schmidt[4], auquel Fritzsche et de Wette ont donné récemment leur assentiment, a saisi la vraie signification de l’étoile qui, d’après Matthieu, est apparue à l’époque de Jésus. Comme des étoiles ont toujours précédé de grands événements, il faut, telle était la pensée des Juifs au temps de Jésus, d’après 4 Mos., 24, 17, que la naissance du Messie soit annoncée

  1. Jalkut Rubeni, f. 32, 3 (dans Wetstein : Qua hora natus est Abrahamus pater noster, super quem sit pax, stetit quoddam sidus in oriente, et deglutivit quatuor astra quæ erant in quatuor cœli plagis. D’après un écrit arabe intitulé Maallem, cette étoile qui annonce la naissance d’Abraham est vue en songe par Nemrod. Fabric. Cod. pseudepigraph. V. T. 1, p. 345.
  2. Testamentum XII patriarcharum, test. Levi, 18. (Fabric. Cod. pseudepigraph. V. T., p. 584 et suivantes) : καὶ ἀνατελεῖ ἄστρον αὐτοῦ (de l’ἱερεὺς καινὸς messianique) ἐν οὐρανῷ… φωτίζον φῶς γνώσεως κ. τ. λ. Pesikta Sotarta f. 48, 1 (dans Schœttgen, 2, p. 531) : Et prodibit stella ab oriente, quæ est stella Messiæ, et in oriente versabitur dies quindecim. Comparez Sohar Genes f. 74, dans Schœttgen, 2, 524, et quelques autres passages que Ideler indique dans Handbuch der Chronologie, 2. Bd. S. 409, Anm. 1, et Bertholdt, Christologia Judæorum, § 14.
  3. Comparez avec les passages cités dans la note précédente le Protévangile de Jacques, ch. 21 : Εἴδομεν ἀστέρα παμμεγέθη, λάμψαντα ἐν τοῖς ἄστροις τούτοις καὶ ἀμϐλύνοντα αὐτοὺς τοῦ φαίνειν. L’exagération est encore plus grande dans Ignace, Ep. ad Ephes., 19. Voyez la collection des passages à ce relatifs, dans Thilo, Cod. apocr. 1, p. 390 seq.
  4. Exeg. Beitræge, 1, S. 159 ff.