Page:Strauss David - Vie de Jésus, tome 1, Ladrange 1856.djvu/373

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sance dans cette ville comme preuve concomitante de son caractère messianique ; et cependant il y est sollicité de la manière la plus précise, car plusieurs prennent ombrage de son origine galiléenne, et objectent que le Messie doit venir de Bethléem, la ville de David (Joh., 7, 42)[1]. À la vérité, Jean ne dit pas ici que ces objections aient été exprimées en présence de Jésus[2] ; mais, puisque immédiatement avant (v. 39), rapportant un discours de Jésus, il y a joint la réflexion qu’alors l’esprit saint, πνεῦμα ἅγιον, n’avait pas encore été donné, il aurait été à propos d’ajouter ici aussi, par forme d’explication, que le peuple ne connaissait pas encore la naissance de Jésus à Bethléem. On trouvera une pareille observation trop insignifiante pour un apôtre tel que Jean ; cependant une chose est certaine : il a eu plusieurs fois à parler de l’opinion où l’on était que Jésus était natif de Nazareth, et de la répulsion qu’excitait cette opinion ; il aurait donc dû, s’il avait su que Jésus était né ailleurs, ajouter une remarque corrective ; sans cela, par une fausse apparence, il faisait croire à ses lecteurs qu’il croyait aussi Jésus natif de Nazareth. Or, ce n’est pas seulement dans le passage cité plus haut qu’il est question de la répulsion excitée par l’origine nazaréenne de Jésus ; ailleurs (1, 46 seq.) on voit Nathanael se récrier là-dessus, sans que l’opinion qu’il se forme soit rectifiée médiatement ou immédiatement ; car, dans la suite, il n’apprend pas que cet homme de bien n’est réellement point de Nazareth ; au contraire, on lui fait savoir que de Nazareth aussi quelque chose de bon peut provenir. Être né à Bethléem était une circonstance importante pour confirmer la croyance à son caractère messianique ; donc, s’il était né dans cette ville, même d’une manière accidentelle, on ne comprend pas com-

  1. Comparez K. Ch. L. dans Schmidt’s Bibliothek, 3, 1, S. 123 f. ; Kaiser, Bibl. Theol., 1, S. 230.
  2. C’est sur quoi s’appuie, par exemple. Heydenreich, Über die Unzulæssigkeit, u. s. f, 1, S. 99.