Page:Strauss David - Vie de Jésus, tome 1, Ladrange 1856.djvu/379

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tion, ce semble, fait tomber l’admiration des docteurs, non pas sur les demandes, mais sur les réponses de Jésus, ἀποκρίσεις. C’était là, en effet, que Jésus pouvait le mieux se montrer élève intelligent ; cependant Tholuck remarque avec raison, au sujet des demandes mêmes, que ce ne serait pas l’unique exemple où un élève d’un esprit indépendant, qui était âgé de douze ans, mais dont le développement égalait celui d’un enfant de quinze, aurait donné à songer à son maître. Et avec l’étroitesse et la superstition de plusieurs idées rabbiniques, on comprend facilement, ainsi que Hess le fait observer, que le sens droit de l’enfant ait, par de libres questions, mis les docteurs dans un embarras mêlé d’étonnement. Ce qui pourrait paraître plus difficile à admettre c’est que le jeune Jésus ait été assis au milieu des maîtres, ἐν μέσῳ τῶν διδασκάλων ; car ce qui convenait à un élève, l’apôtre Paul nous l’apprend (A. Ap. 22, 3), c’était de s’instruire aux pieds des rabbins, παρὰ τοὺς πόδας. Ceux-ci étaient placés sur des sièges, les élèves étaient assis par terre[1], mais ils ne prenaient pas place au milieu des maîtres. À la vérité, on croit pouvoir expliquer l’expression au milieu, ἐν μέσῳ, tantôt en disant qu’elle signifie seulement, être assis entre les maîtres, qui étaient placés dans leurs chaires, et au milieu desquels Jésus était assis par terre avec d’autres élèves[2], tantôt en disant qu’elle signifie en compagnie des maîtres, c’est-à-dire dans la synagogue[3]. Mais, d’après le sens des mots, être assis au milieu de gens, καθέζεσθαι ἐν μέσῳ τινῶν, paraît désigner sinon, comme Schœttgen le croit in majorem Jesu gloriam[4], une place d’honneur, au moins une situation égale à celle qu’occupent les autres[5]. Or, que l’on trouve vraisemblable ou non, avec Tholuck, que les docteurs juifs

  1. Lightfoot, Horæ, p. 742.
  2. Paulus, Exeg. Handb., 1, a, S. 279.
  3. Kuinœl, l. c., p. 353.
  4. Horæ, 2, p. 886.
  5. De Wette, Exeg. Handb., 1, 2.