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encore la jeunesse de Jésus d’après la coutume juive[1].

D’un autre côté cependant, bien que la légende ou la poésie ait souvent orné la jeunesse des grands hommes de semblables preuves d’un esprit précoce, il n’en est pas moins vrai qu’en certains cas ces preuves ont été réellement données ; car naturellement un homme de génie se développe plus tôt qu’un homme ordinaire. Les exemples pris dans l’histoire de la jeunesse de nos grands esprits, poètes, généraux, savants, sont connus[2]. Et presque dans le même temps et dans le même lieu, on trouve un exemple de cette précocité, qui est très semblable au récit évangélique, et qui appartenant à la vie de Josèphe, homme d’un talent assez subalterne[3], sert, à l’égard de Jésus, d’argument a minori ad majus. La constitution morale et la position intellectuelle de Jésus ont été telles dans son âge viril, que l’on peut soutenir avec raison qu’elles furent les résultats, non d’une explosion tardive et soudaine, mais d’un développement successif et constant ; or, dans le cours d’une pareille vie, notre récit s’encadre si convenablement, que la critique n’a pas le droit d’en contester la valeur historique.


§ XLI.


Sur l’existence extérieure de Jésus jusqu’au moment où commence
sa vie publique.

Dans quelles conditions extérieures Jésus a-t-il vécu depuis le temps de la scène dont il vient d’être question, jusqu’au moment où son rôle public commença ? Là-dessus il

  1. C’est ainsi que s’exprime Kaiser, Bibl. Theol., 1, 234. Gabler laisse subsister plus d’histoire, dans n. Theol. Journal, 3, 1, S. 39.
  2. Plusieurs exemples en sont indiqués par Tholuck, S. 221 f. 227 f.
  3. Vita, 2 : Étant encore enfant, vers l’âge de quatorze ans, j’étais loué de tous à cause de mon amour pour l’étude ; les grands-prêtres et les premiers de la ville venaient incessamment pour prendre auprès de moi des connaissances plus exactes de la loi : Ἔτι δ’ ἄρα παῖς ὢν περὶ τεσσαρεσκαιδέκατον ἔτος διὰ τὸ φιλογράμματον ὑπὸ πάντων ἐπῃνούμην, συνιόντων ἀεὶ τῶν ἀρχιερέων καὶ τῶν τῆς πόλεως πρώτων ὑπὲρ τοῦ παρ’ ἐμοῦ περὶ τῶν νομίμων ἀκριϐέστερόν τι γνῶναι.