Page:Strauss David - Vie de Jésus, tome 1, Ladrange 1856.djvu/392

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

accordé[1]. Jésus a dit de lui-même (Matth., 8, 20), qu’il n’avait pas où reposer sa tête, ποῦ τὴν κεφαλὴν κλίνῃ, et ce langage ne signifie peut-être que le sacrifice volontaire qu’il fit de la jouissance tranquille des biens, pour se livrer à sa vie errante de Messie. Il ne reste donc plus qu’un renseignement (Luc, 2, 24), c’est que Marie offrit des colombes pour sa purification ; or, ce sacrifice est, d’après 3 Mos., 12, 8, le sacrifice des pauvres, et cela prouve du moins que l’auteur de ce chapitre ne s’est pas représenté les parents de Jésus dans une brillante position[2]. Mais qui nous garantit que cet auteur n’a pas été, lui aussi, déterminé par des motifs non historiques à les supposer dans la pauvreté ? D’un autre côté, la proposition inverse, à savoir que Jésus ait été dans l’aisance, ne repose pas davantage sur des indices qui se puissent soutenir ; du moins nous n’invoquerons pas l’habit non cousu[3] dont parle Jean, 19, 23, avant d’avoir examiné de plus près ce qu’il en est de cet habit.


§ XLII.


Développement intellectuel de Jésus.

Les renseignements, qui étaient excessivement incomplets sur l’existence extérieure de Jésus pendant sa jeunesse, manquent presque absolument sur son développement intellectuel. Luc place, dans l’histoire de l’enfance, une phrase indécise et qui se répète sur ses progrès intellectuels et sa croissance en sagesse, mais elle ne nous apprend rien que nous n’eussions pu supposer. Quant aux espérances que ses parents avaient eues de lui dès avant sa naissance, quant aux sentiments que sa mère en particulier avait exprimés à cette occasion, il n’y a aucune conclusion à en tirer, car ces

  1. Voyez Hase, Leben Jesu, § 70 ; Winer, Bibl. Realw. 1, S. 665.
  2. Winer, l. c.
  3. C’est ce que font les deux théologiens nommés, l. c.