Page:Strauss David - Vie de Jésus, tome 1, Ladrange 1856.djvu/421

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garantir l’approche du règne messianique ; et jusqu’à quel point ce royaume était-il prochain, c’est ce qu’il laissait encore indécis.

D’après nos évangiles, l’arrivée du royaume des cieux, βασιλεία τῶν οὐρανῶν , était rattachée par Jean à un personnage messianique auquel il attribuait, en opposition avec son propre baptême par l’eau, un baptême par l’Esprit-Saint et par le feu, βαπτίζειν πνεύματι ἁγίῳ καὶ πυρὶ (Matth., 3, 11, et passages parallèles) ; l’effusion de l’Esprit-Saint passait, en effet, pour un trait essentiel des temps messianiques (Joël, 3, 1 — 5 ; Act. Ap., 2, 16 seq.). Ce même personnage devait en outre faire, dans le peuple, un triage comme fait le van qui sépare le bon grain ; peut-être le feu qui consume a-t-il quelque rapport avec cette idée de triage, que déjà les prophètes avaient annoncée pour les temps messianiques, quoique sous d’autres images (Zachar., 13, 9 ; Malach., 3, 2, 3). Ici les synoptiques présentent la chose comme si Jean-Baptiste avait dès lors précisément, par ce personnage messianique, entendu Jésus de Nazareth. D’après Luc, les mères de ces deux hommes étaient parentes et instruites des relations futures de leurs fils. Dès le sein maternel Jean-Baptiste s’était mû comme pour aller au-devant de Jésus. Par conséquent, d’après la tournure donnée au récit, il est à supposer que tous deux, de bonne heure, avaient appris à connaître leurs relations, déterminées à l’avance par une communication divine, et s’étaient pénétrés de leur situation respective. À la vérité, Matthieu ne rapporte rien de ces relations de famille entre Jean et Jésus ; mais, quand ce dernier veut se faire baptiser, Matthieu met dans la bouche du premier des expressions qui paraissent supposer une connaissance antécédente ; car Jean s’étonne que Jésus vienne près de lui, attendu que lui, Jean, aurait plutôt besoin d’être baptisé par Jésus, et il n’a pu exprimer cet étonnement qu’autant que Jésus lui aura été