Page:Strauss David - Vie de Jésus, tome 1, Ladrange 1856.djvu/47

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ment, usant habilement de la perturbation dont les phénomènes divers sont susceptibles, elle en profite pour améliorer sa position matérielle, et, ce qui est prédominant, s’améliorer elle-même ; comment sa providence maternelle se donne gratuitement à tout homme qui vient dans le monde ; comment aussi chacun de nous est tenu, en retour, de la servir afin qu’elle reçoive de ses enfants de quoi accroître incessamment sa grandeur, sa gloire et sa sainteté.

Le dogme, on le voit, absorbe la philosophie ; c’est en effet la consommation finale, celle qui est à désirer. Rien n’est de plus mauvais augure pour la situation mentale de l’individu et pour la situation générale de la société que la dissidence inconciliable entre le dogme et la philosophie. Dans toutes les époques organiques qui ont précédé, la philosophie fut retenue au giron. Dans les époques critiques, alors que les anciens récits sacrés ne sont plus d’accord avec les lumières acquises, la philosophie, sous le nom de métaphysique, prend son département à elle et traite, de son propre point de vue, les questions communes. De là les déchirements. Ici il n’y a point de philosophie en dehors du dogme ; car il n’y a point de dogme en dehors de la science positive. Celle-ci est le fondement, l’autre est le couronnement

Au dogme tient de très près l’éducation ; ce n’est que la même question considérée par un autre côté. Accommodé de manière à se graduer et à s’enseigner depuis l’enfance jusqu’à la jeunesse, le dogme se fait enseignement. Le malheur inévitable des temps révolutionnaires, c’est que la religion et l’enseignement sont deux choses distinctes profondément ; plus même les temps marchent, plus la dissidence s’élargit, devenant enfin tout à fait inconciliable. L’enseignement a