Page:Strauss David - Vie de Jésus, tome 1, Ladrange 1856.djvu/74

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Si Origène trouva, dans son instruction chrétienne, des occasions de s’écarter de l’Ancien Testament, de telle sorte que, pour ne pas renoncer à son respect pour ce livre, il fut obligé de pallier à l’aide d’une explication allégorique la contradiction qu’il sentait naître dans son esprit, son instruction philosophique ne lui permit pas davantage d’accepter plusieurs passages du Nouveau Testament, et pour ce livre encore il fut amené à user du même procédé. Le Nouveau Testament, se dit-il à lui-même, est l’œuvre du même esprit qui a dicté l’Ancien, et cet esprit n’aura pas agi dans la production de l’un autrement que dans la production de l’autre, c’est-à-dire qu’il aura incorporé à des choses littéralement arrivées des choses qui ne sont pas arrivées, et cela pour nous rappeler au sens spirituel[1]. Origène va même jusqu’à mettre les relations évangéliques en un parallèle non douteux avec des récits, en partie fabuleux, tirés de l’histoire et de la mythologie profanes ; ce parallèle se lit dans le passage remarquable Contra Celsum, 1, 42, où l’auteur s’exprime ainsi : « Dans presque toute histoire, quelque véritable qu’elle puisse être, il est difficile, et quelquefois même impossible d’en démontrer la réalité. Supposons, en effet, que quelqu’un s’avisât de nier qu’il y ait eu une guerre de Troie, et cela à cause des impossibilités qui sont incorporées dans cette histoire, telles que la naissance d’Achille d’une déesse de la mer, etc. ; comment pourrions-nous en prouver la réalité, accablés, comme nous le serions, par les évidentes inventions qui d’une fa-

    tantum patriarcham, non solum mentitum esse Abimelech regi, sed et pudicitiam conjugis prodidisse ? Quid nos ædificat tanti patriarchæ uxor, si putatur contaminationibus exposita per conventiam maritalem ? Hæc (c’est-à-dire qu’elle a été exposée de la sorte à l’impureté) Judæi putent, et si qui cum eis litteræ amici non spiritus.

  1. De principp., iv, 16 : Οὐ μόνον δὲ περὶ τῶν πρὸ τῆς παρουσίας ταῦτα τὸ πνεῦμα ᾠκονόμησεν, ἀλλ’ ἅτε τὸ ἀυτὸ τυγχάνον καὶ ἀπὸ τοῦ ἑνὸς θεοῦ, τὸ ὅμοιον καὶ ἐπὶ τῶν εὐαγγελίων πεποίηκε καὶ ἐπὶ τῶν ἀποστόλων, οὐδὲ τούτων πάντη ἄκρατον τὴν ἱστορίαν τῶν προσυφασμένων κατὰ τὸ σωματικὸν ἐχόντων, μὴ γεγενημένων. Comparez Homil. 6, in Esaiam, n. 4.