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qu’elle attribue aux livres saints ait été absolument dans l’intention de leurs auteurs ; que c’est une question qu’elle n’examine pas, et qu’elle ne réclame que la faculté de donner aussi à ces livres une signification qu’il lui convient de donner.

Ainsi Kant essayait de faire produire aux écritures bibliques, jusque dans leur partie historique, des pensées morales, et même il était disposé à reconnaître que ces pensées constituaient la destination essentielle de l’histoire de la Bible ; mais il n’en est pas moins vrai que, d’une part, il ne les puisait qu’en lui-même et dans la culture intellectuelle de son temps, et qu’ainsi rarement il pouvait admettre qu’elles eussent existé en réalité au fond de l’intention des rédacteurs de ces écritures ; d’autre part, il oubliait, par la même raison, de montrer quel rapport de telles pensées ont avec de telles représentations symboliques, et comment les premières se sont imprimées dans les secondes.


§ VIII.


Naissance du mode mythique de concevoir l’Histoire sainte,
appliqué d’abord à l’Ancien Testament.

On ne pouvait pas s’en tenir à un procédé aussi peu historique d’une part, aussi peu philosophique de l’autre, d’autant moins que l’étude de la mythologie, devenant de plus en plus générale et féconde en résultats, exerçait aussi de l’influence sur l’opinion qu’on se faisait de la Bible. Déjà, il est vrai, Eichhorn avait demandé que l’on traitât d’une manière égale l’histoire primitive des Hébreux et celle des autres peuples ; mais cette égalité s’effaçait de plus en plus, du moment que, tout en développant de jour en jour davantage l’explication mythique pour l’histoire primitive profane, on se renfermait, pour l’histoire hébraïque, dans l’explication naturelle. Et tous ne pouvaient suivre l’exemple de Paulus, qui rétablissait l’équilibre en se montrant dis-