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Page:Stuart Merrill - Prose et vers (1925).pdf/10

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en ces semences qui s’ignorent, l’énergie latente et la fermentation secrète des ardeurs dernières, sa mort prématurée seule nous a dépossédés d’entendre, comme lui-même l’écrivait de son compatriote illustre et puissant, « le verbe qui plie à son rythme l’histoire de l’avenir, le chant lyrique de la Sainte Démocratie ». Merrill aussi serait devenu « le Prophète qui marche au-devant de sa race et au delà de son époque ». Il vouait à Walt Whitman une vénération pieuse et farouche, et ce lui avait été une émotion religieuse, écrivait-il encore, d’approcher, un jour, à New-York, le grand vieillard infirme qui l’accueillait avec bonté.

Bien que Walt Whitman lui fût apparu dans son identité avec son œuvre, il n’en a caractérisé la valeur que par des apparences éclatantes aux regards de tous, véridiques, mais incomplètes en ce qu’elles ne traduisent pas ce qui, précisément, de plus intime, de plus lié au profond de leurs deux natures, n’est pas aussi extérieur que ces visibles qualités, applicables peut-être à des poètes de génie fort différents, tel que fut Verhaeren, pour n’en citer aucun autre.

Walt Whitman, demeuré en Amérique toute sa vie, soutenu par sa langue maternelle et par