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Page:Stuart Merrill - Prose et vers (1925).pdf/111

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Puis la nuit s’épaissira, morne,
Où l’on n’entendra que l’ivrogne
Qui chante dans l’ombre et se cogne,
En jurant, contre quelque borne.

L’on ne verra plus de lumières
Qu’à la façade de la gare
Qui retentit du tintamarre
Des trains rués vers les frontières.

Là-bas sont les mers et les rades
Et les mâts de mille navires
Et les départs pour les empires
Où rêvent d’obscures peuplades.

Mon âme, auras-tu le courage
De la fuir, la petite ville,
Et de t’en aller, moins servile,
Vers les capitales en rage

De la folie et de la fête,
Des batailles et des bagarres,
Des étendards et des fanfares
Et des cloches dans la tempête ?