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Page:Stuart Merrill - Prose et vers (1925).pdf/120

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Qui vous bouchez le nez devant l’affreux cadavre

En disant : Nous ne sommes au service que des personnes riches ?

Alleluia du cercle bleu au cercle blanc des cieux ! Une pauvre putain est morte !

Tressaillement des étoiles dans les gouffres violets !
Une pauvre putain est morte !
Frisson des univers au delà des limites extrêmes de la pensée !
Une pauvre putain est morte !
Son cadavre est encore là dans la rue de la Lune.

Deux gardiens de la paix se penchent sur elle en disant « Dieu, qu’elle pue ! »

Le pharmacien du coin constate qu’elle est bien morte.
C’est l’heure de la sortie des théâtres,
On entend, tout près, bruire le boulevard.
On va souper.
On va danser.
On va boire.
Et un peu de sang mêlé à un peu de boue
Crie vengeance vers les astres et vers les dieux,
Du fond du ruisseau de la rue de la Lune !

Alleluia !