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Page:Stuart Merrill - Prose et vers (1925).pdf/125

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meau que le concours littéraire du Figaro venait de révéler à l’innocente Belgique.

Je cite, non seulement pour son intérêt anecdotique, mais pour donner une idée de la vivacité des polémiques littéraires en l’an de grâce 1885, quelques passages d’un article de M. Jean Ajalbert sur Lutèce :

Chaque été, quelque chroniqueur se hasarde à découvrir qu’il n’y a pas seulement des arrivés de la littérature et laisse tomber de sa plume le nom d’un inconnu. Aux dernières chaleurs, a transpiré la nouvelle qu’il existait une école de « décadents ». Et tout le monde de s’écrier : « Qu’est-ce que des décadents ? Où ça se vend-il ? » Il paraît même qu’un soir de gaieté le duc de Morny demandait, chez Bignon, qu’on lui servît un décadent au cresson. La foule délirait ; les reporters, dans leurs pérégrinations à travers les brasseries de Montmartre et du Quartier Latin découvrirent deux ou trois poètes flegmatiques, qui se laissèrent affubler du nom de décadents. On prépara les décadents à toutes les sauces, et les journaux se prirent à dauber sur le compte de Lutèce, organe de la jeune littérature.

« Or, ni M. Bourde, ni M. Champsaur ne pouvaient parler des jeunes en connaissance de cause. La « nouvelle littérature » semble aussi peu familière à M. Bourde qu’à M. Edmond Lepelletier, qui nous accusent de faire des vers faux ! Quant à M. Félicien Champsaur, il est plus particulièrement incompétent. Vers ou prose, il n’a guère fait que les vers ou la prose des autres ; il n’a pas oublié que notre ami R. Darzens, dans un article de la Jeune France, « Un Valet de Lettres », le qualifia de ramasseur de bouts de cigares ; cependant, l’insulteur à gages du supplément du Figaro, émergeant de la boue dans laquelle il est enlisé, vida son hebdomadaire potée d’injures sur les « Décadenticulets ». Ramassant les plus ineptes racontars sur leur vie