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Page:Stuart Merrill - Prose et vers (1925).pdf/145

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Je corrigeai donc comme je pus Salomé. Je me rappelle que la plupart des tirades de ses personnages commençaient par l’explétif : enfin ! En ai-je assez biffé des enfin. Mais je m’aperçus bientôt que le bon Wilde n’avait en mon goût qu’une confiance relative, et je le recommandai aux soins de Retté. Celui-ci continua mon travail de correction et d’émondation. Mais Wilde finit par se méfier de Retté autant que de moi, et ce fut Pierre Louys qui donna le dernier coup de lime au texte de Salomé.

Que de morts déjà dans ces souvenirs ! L’autre jour, en feuilletant la collection rarissime du premier Scapin, j’ai retrouvé ces quelques vers de Dubus, qui n’ont jamais été publiés ailleurs, et qui bercent mystérieusement, je ne sais pourquoi, ma mélancolie :

Nos jours de joie ont de tristes lendemains
Que mieux vaut ignorer à jamais : si tu l’oses,
Dans notre chambre, un soir, les fenêtres bien closes,
Nous épandrons des tubéreuses, des jasmins,
Des lys, des lilas et des grappes de glycine :
Dans l’ombre leur senteur énervante assassine.

Je copie, dans le même Scapin, (10 janvier 1886) un poème de Louis Le Cardonnel qu’on a négligé de reproduire dans le numéro de la Plume où une main pieuse a réuni en anthologie ses vers épars :