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Page:Stuart Merrill - Prose et vers (1925).pdf/155

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Se doute-t-on que le premier groupement de ces poètes qui devaient illustrer plus tard le Symbolisme se fit dès 1882 au lycée Fontanes (aujourd’hui Concorcet) ? J’y comptais alors comme condisciples de rhétorique Éphraïm Mikhaël, René Ghil, Pierre Quillard, André Fontainas, Rodolphe Darzens, Georges Vanor. Je ne veux pas oublier Gabriel Lefeuve, qui est resté fidèle aux traditions parnassiennes, ni Édouard Guillaumet, fils du peintre orientaliste et auteur de plusieurs volumes de vers, ni Charles-Eugène Bonin, qui m’initia à Baudelaire et qui serait devenu un grand poète si la mystérieuse Asie n’avait attiré sa curiosité inquiète de voyageur. Enfin Tristan Bernard, beaucoup plus jeune, suivait, dans une classe inférieure, ce que nous écrivions dans le Fou.

Le Fou ! En reste-t-il à l’heure actuelle une seule collection ? C’était un menu journal lithographie de quatre pages, dirigé d’abord par Édouard Guillaumet, puis par Georges Vanor, qui s’appelait alors Van Ormelingen. Ce qui achevait de donner un petit air hollandais à cette mémorable gazette, c’était le nom redoutable de notre lithographe : Schouster-Van Hommeslager. Je crois que nous lui devons encore de l’argent.

Je me rappelle fort bien que le Fou s’illustrait de chansons de Darzens, de sonnets de Quillard,