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Page:Stuart Merrill - Prose et vers (1925).pdf/168

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tait des manchettes, hélas ! imaginaires, et tonitruait : « Moi et Moréas ». Plus tard, moins amène il devait le qualifier dans ses Épigrammes d’un terme en trois lettres qui constitue une injure gratuite au sexe à qui nous devons notre naissance et nos illusions.

Verlaine venait parfois retrouver Moréas chez un marchand de vins dont l’établissement, la Côte d’Or, faisait le coin de la rue Racine et de la rue de Médicis, en face de l’Odéon et du Palais du Luxembourg. De l’entresol, qui servait de restaurant, on voyait passer les célébrités.

Nous vîmes même un jour Sarcey s’introduire dans certain édicule auquel Vespasien n’aurait pas trouvé d’odeur. Ce ne fut pas chose facile à cause de sa corpulence. Il en sortit avec non moins de difficulté, la gidouille (comme disait Jarry) repoussée vers les reins par l’étroite issue. Un ban tumultueux accueillit la délivrance de Notre Oncle qui, très myope, ne parvint pas à découvrir d’où partait cette intempestive ovation.

Verlaine venait donc parfois partager avec nous notre miroton et notre demi-setier. Nous, c’étaient, outre Moréas, Raymond de la Tailhède, le grand lyrique qui se tait depuis trop longtemps, Ernest Raynaud, qui a si noblement évoqué l’œuvre de son maître dans l’Assomption de Paul Verlaine, Maurice du Plessys, trépidant, sarcastique et