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Page:Stuart Merrill - Prose et vers (1925).pdf/192

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poèmes, et y écrivit des articles fort remarqués sur Mallarmé, Leconte de Lisle, Hérédia, Samain, Zola, France, Régnier, Adam, Jammes, Clemenceau, etc. Il est probable que ces articles seront publiés et recueillis dans la collection du Mercure de France. Outre ce labeur personnel, Pierre Quillard se livrait au passe-temps moins ardu de la traduction. Nous lui devons de parfaites versions de l’Antre des Nymphes de Porphyre, des Lettres Rustiques de Claudius Aelianus, des Mimes d’Herondas, et du Philoctète de Sophocle. Ce grand démocrate était un grand humaniste, et c’était merveille, me disait un ami, de l’entendre, après les accablantes journées du procès de Rennes, discuter avec Jaurès et Pressensé d’abstruses questions de grammaire grecque ou latine. Il mêlait toujours ainsi les délicatesses des lettres aux rudesses des luttes politiques. Le bon poète Tristan Derème m’écrivait ces jours-ci : « J’ai passé une soirée avec Pierre Quillard, à Tarbes où il était venu avec M. de Pressensé faire une conférence au nom de la Ligue des Droits de l’Homme. Et je ne puis me rappeler sans émotion notre promenade au crépuscule, sous les ormes de la place où le vent chaud soulevait de la poussière, cette place, ces rues, ce jardin où Jules Laforgue avait passé les heures de sa jeunesse. Et nous récitions La Complainte