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Page:Stuart Merrill - Prose et vers (1925).pdf/193

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des Nostalgies Préhistoriques, une strophe chacun, tour à tour, comme les bergers de Virgile. Ah ! la belle soirée, et comme c’est rare de trouver quelqu’un avec qui l’on puisse réciter du Laforgue, en se comprenant un peu. »

On a prêté une insuffisante attention à l’œuvre lyrique de Pierre Quillard. J’affirme ici, avec toute la force de ma conviction, qu’il est parmi les plus altiers de l’école symboliste. Je le place au même rang que l’œuvre d’Éphraïm Mikhaël, et j’ai la certitude que lorsque le temps aura mis tout à sa place, les poèmes de Quillard et de Mikhaël paraîtront comme les plus indestructibles de notre époque. Quillard, comme Mikhaël, écrivit malheureusement pendant ces années où l’on essaya de réduire le symbolisme à une simple question de forme. En dehors du vers libre, point de salut, proclamait-on. Or, Quillard aimait à affirmer son indépendance vis-à-vis de ses amis aussi bien qu’envers ses ennemis. À tort ou à raison, il resta réfractaire au vers libre et fidèle à la prosodie classique. Il évita, même au moment de la grande vogue de Verlaine, d’exprimer trop directement ses peines et ses joies. Comme Mikhaël dans la plupart de ses poèmes, il interposa entre le lecteur et lui le rideau mouvant et somptueux des symboles. Chacune de ses pièces a une signification occulte