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Page:Stuart Merrill - Prose et vers (1925).pdf/201

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nos contrées. Trop d’écrivains à courte vue s’imaginent qu’en faisant réel ils font vrai. Or, la réalité est presque toujours l’ennemie de la vérité. C’est ce que M. Mockel exprime plus gracieusement dans la préface de ses Contes en traitant de la Farce et de la Poésie :

Elles ont une pareille ardeur à dépasser, dès le premier saut, la vérité de tous les jours, qui va clopin-clopant en ses miteux habits ; et la Légende leur prête son manteau flottant, pour qu’elles s’encourent héler la vérité de tous les siècles qui fuit toujours à l’horizon.

Oserai-je déflorer ces jolis contes bleus en les analysant lourdement ? Non. Il ne faut pas toucher même avec respect, aux papillons, et les fleurs ont droit à quelque considération. Ouvrez le livre et vous apprendrez vous-mêmes les plus belles choses du monde. À savoir : comment le prince Ellerion d’Argilée fit sourire et pleurer la princesse Alise d’Avigorre et par là gagna son cœur. Comment le pauvre Ardélian, prince de Persaigues, aima la fée Mélivaine et ne fut pas aimé d’elle, et prit le nom de chevalier Désamoré. Comment le roi Baladour, qui « mangeait à ravir et ne dormait pas mal, buvait merveilleusement et s’occupait d’amour, d’une manière très honorable en somme, selon ses forces », exila de son royaume les poètes et autres songe-creux.