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Page:Stuart Merrill - Prose et vers (1925).pdf/213

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Je crois l’heure propice à la reconnaissance d’Henri Degron par ce public qu’attirent, s’il n’est leurré par les sophistes, les œuvres simples et saines. Degron aura été, s’en doutant peu et s’en souciant moins, un des précurseurs de ces jeunes gens qui se groupent à l’heure actuelle sous le titre de Naturistes. Il refuse cependant pareille étiquette. Il n’a jamais cru qu’un goût, même sincère, pour la Nature pût servir d’esthétique. Il chante ce qu’il voit, ce qu’il sent et ce qu’il aime, sans se demander si ses chansons sont bien mesurées à l’aune d’un chef quelconque de cénacle. Bref, il croit, à tort ou à raison, que les théories ne sont que des liens aux ailes frémissantes de Pégase. Il admet tous les poètes, toutes les images, tous les symboles. En écoutant le chantre anonyme du peuple, il n’oublie pas Baudelaire ; aimant par-dessus toutes fleurs la violette des bois, il n’insulte pas à la dignité royale des lys ; enfin la gaie hirondelle du toit natal ne lui fait pas fermer les yeux à la formidable Chimère des cieux inconnus. Sincère lui-même, il ne demande aux autres que la sincérité. Cette originalité le distingue de certains littérateurs qui fondent des écoles avant d’achever des