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Page:Stuart Merrill - Prose et vers (1925).pdf/219

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est plutôt bucolique, avec la nuance d’artifice (mais non d’artificialité) que peut comporter cette épithète. Il eût pu suivre les pas de Jean-Jacques dans le parc mélancolique d’Ermenonville. Il apporte en ses jeunes mains la paix, la joie tranquille et la foi.

Toi donc, ami lecteur, qui es las du tumulte des grandes villes où les soirs s’épandent sur des désespoirs sans cesse renaissants et où les aubes se lèvent sur des espoirs toujours mourants, toi qui aspires au calme de la lointaine contrée où la maison natale au toit de chaume abrite, à la lisière des blés, cent nids de pépiantes hirondelles, ô toi qui voudrais te reposer un peu sur cette terre, parmi ses herbes, ses parfums et ses fleurs, avant de te résigner au repos éternel dans sa boue et sa pourriture, ô toi mon frère en douleur, ouvre ce petit livre qui est comme l’herbier des prés, des champs et des bois si peu connus de notre triste nostalgie, et le poète modeste et fier que je célèbre sera heureux si tu peux dire, en le fermant, que tu as senti après lui le désir de sourire et de pleurer bien simplement, comme un homme.