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Page:Stuart Merrill - Prose et vers (1925).pdf/228

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lorsque Bubu entre en scène que l’on y sent une force et une volonté. Le verbe alors fanfaronne et claironne. Charles-Louis Philippe eut assez de tact pour ne donner ni tort ni raison à ses héros. Il les a rendus tels qu’il les a vus, et tels que nous les rencontrons dans les rues de Paris. Il eut le courage de se lier avec eux et l’honnêteté de les comprendre, car il ne les jugeait pas d’après les règles que nous nous imposons. Ou plutôt, sans désir de les réhabiliter, il savait qu’ils ne différaient guère par essence des beaux messieurs et des belles dames, dont la vie est souvent honte et fange et crime à l’égal de la leur.

Bubu de Montparnasse n’est pas un être fictif, sorti de l’imagination du romancier. Il a vécu, et sans doute vit-il toujours, indifférent à sa gloire. C’est avec une certaine appréhension que Charles-Louis Philippe le fréquentait, car il s’était mis en tête d’arracher à Bubu sa maîtresse, disons tout de go sa marmite, non pas pour les raisons qu’on pourrait supposer, mais parce que Philippe était toujours, comme dit le peuple, pour la justice. Or Bubu rouait de coups la malheureuse et entendait tirer de son corps meurtri tout le profit possible.

Charles-Louis Philippe conçut donc le projet d’éloigner de Paris Mme Bubu. Lui, Chanvin, Lucien Jean et d’autres se cotisèrent pour envoyer celle-ci à Marseille, hors d’atteinte de son marlou,