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Page:Stuart Merrill - Prose et vers (1925).pdf/233

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WALT WHITMAN

À Léon Bazalgette.

J’ai rencontré Walt Whitman à New-York, quatre ou cinq années avant sa mort. Il y était venu, selon sa touchante coutume, le jour de l’anniversaire de la mort d’Abraham Lincoln, faire une conférence sur le grand président qui avait payé de sa vie sa vigilante défense du « gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple. »

Je pris trois billets pour la conférence et j’allai quérir deux amis, Jonathan Sturges, le premier traducteur de Maupassant en Anglais, et Clarence Mac Ilvaine, qui est aujourd’hui un des directeurs de la fameuse maison d’édition Harper et Frères.

Nous étions à cet âge heureux (et que pour ma part je n’ai pas dépassé) où le respect littéraire prend toute la force d’une émotion religieuse. L’affiche portait que la conférence aurait lieu de très bonne heure l’après-midi ; on avait voulu ainsi ménager les forces du vieux Walt « Old Walt », comme l’appelaient ses familiers. Je n’ou-