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Page:Stuart Merrill - Prose et vers (1925).pdf/269

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entassements sombres du Bargello et de Santa-Croce. L’Arno qui, une heure auparavant, déroulait comme un serpent, dans la lointaine vallée crépusculaire, ses anneaux d’argent, semble s’être lové dans l’ombre. Le ciel, de violacé, devient violet. De nouvelles lumières éclatent dans la ville dont les contours et les édifices disparaissent. Bientôt Florence, au cœur de ces collines, n’est qu’une poignée de rubis, de topazes et de diamants jetés au fond d’une coupe.

Cette nuit, accoudé, le visage dans les mains, au parapet de Fiésole, j’ai pleuré sur ta gloire, Ville sacrée de la Fleur, comme un amant pleure sur une maîtresse mourante qui commence à mieux comprendre les larmes que les paroles.

IV

J’entre pour le Salut dans la petite église franciscaine qui domine Fiésole. Par la porte qui reste ouverte sur le terre-plein planté de cyprès, le soleil du crépuscule coule en large nappe d’or, rendant plus obscur le reste de l’église. Derrière le jubé on entend le marmonnement sonore et rapide des prières. Dans une chapelle latérale, trois frères, la tête petite et ronde au-dessus des massives robes de bure, font des génuflexions et balancent l’encensoir. Et la fumée violette s’épar-