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Page:Stuart Merrill - Prose et vers (1925).pdf/271

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allemande. Le Rhin roulait des eaux jaunâtres et, dans le ciel, les nuages bas se mêlaient à la fumée des usines. On entendait tomber sur la ville, du haut des tours, le chant lourd des cloches.

Dans Cologne la sainte, qu’ai-je fait, tout ce long jour où je traînais dans les rues humides le fardeau de ma mélancolie ? Que sais-je ? Je me rappelle seulement avoir caressé un vieux chien malade qui haletait de douleur sous une porte cochère, et que je me suis mis à pleurer comme si j’avais vu souffrir un ami.

Et je me rappelle encore avoir ri, près d’une école, en voyant à la devanture d’une conditorei des bonbons auxquels un savant confiseur avait donné la forme d’une saucisse, pour tenter doublement la gourmandise allemande de Hansl aux yeux bleus et de Grettl aux nattes blondes.

Mais vraiment, tout ce long jour, comme un enfant qui s’ennuie quand il pleut, je ne savais pas pourquoi j’avais alternativement envie de rire et de pleurer, dans la grande, la sainte Cologne, qui se mire, avec sa grande cathédrale, dans le Rhin, le beau fleuve.

Si ! maintenant je le sais, que j’ai ouvert le vieux livre aux pages tant feuilletées, où je relis la strophe qui berça si souvent la rêverie de ma jeunesse : « Dans le Rhin, dans le beau fleuve, se