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Page:Stuart Merrill - Prose et vers (1925).pdf/34

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rations sociales des prolétaires ne lui étaient point indifférentes ; il se mêlait volontiers aux mouvements de la rue, à l’agitation des réunions publiques ; il appartenait activement à un groupement politique et ne dissimulait rien de ses opinions les plus hardies. Mais tout cela n’était pour lui que secondaire ; personne plus que lui n’a cultivé, aimé, exalté les poètes du monde antique et du nouveau, les Orientaux, ceux de la Bible, les divins Grecs, les Latins, les anciens Italiens et les plus récents, les Allemands, et principalement les Anglais. — Ah ! je me souviens comme, un soir, il me parla de Swinburne, comme il me présenta de judicieuses remarques au sujet d’une traduction de Rossetti que j’avais risquée ! — principalement les Anglais, certes, mais, par-dessus tout, les poètes de France, poètes suprêmes, interprètes omniprésents, émouvants, formidables ou délicats, de sa religion, de la seule religion, le lyrisme, la Poésie :

Toute la vie consiste pour nous à transformer le rêve en réalité, à rester fidèles à l’idéal, et par conséquent, supporter stoïquement les contrecoups des hommes et des choses. Notre trésor est en nous-mêmes.
N’est-ce pas là tout l’enseignement de notre Mallarmé ?
Cela revient à dire qu’il faut avoir confiance en soi-même et foi dans ses idées… D’ailleurs le but de la vie n’est pas le bonheur qui est impossible, mais l’exaltation et l’enrichissement de nous-mêmes et des autres.