Aller au contenu

Page:Stuart Merrill - Prose et vers (1925).pdf/41

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

CREDO

Je crois que la Beauté est une condition de la parfaite vie, au même titre que la Vertu et la Vérité.

Le Poète doit être celui qui rappelle aux hommes l’idée éternelle de la Beauté dissimulée sous les formes transitoires de la Vie imparfaite.

Parmi toutes les formes que lui présente la vie, il ne doit donc choisir pour symboliser son idée de la Beauté que celles qui correspondent à cette idée. Des formes de la Vie imparfaite, il doit recréer la vie parfaite.

En d’autres mots, il doit être le maître absolu des formes de la Vie, et non en être l’esclave, comme les Réalistes et les Naturalistes.

Cependant il ne doit pas se contenter, comme les Romantiques et les Parnassiens, d’une beauté tout extérieure, mais par le symbolisme des formes de beauté il doit suggérer tout l’infini d’une pensée ou d’une émotion qui ne s’est pas encore exprimée.

La Poésie, étant à la fois Verbe et Musique, est merveilleusement apte à cette suggestion d’un infini qui n’est souvent que de l’indéfini. Par le Verbe elle dit et pense, par la Musique elle chante