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Page:Stuart Merrill - Prose et vers (1925).pdf/63

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Ainsi chantait le Porteur de la Lyre et de l’Épée.

APOCALYPSE

Ce n’est plus, en les demi-ténèbres qui couvent, sous de pâles planètes où tressaille la dernière lumière, le secret des siècles de la terre, que de vains tintements de harpes parmi les coupes et les guirlandes de l’universelle orgie des hommes.

Sur les tours des palais de basalte d’où tourbillonne vers le ciel oublié la flamme violette des trépieds, les rois ivres, dont le rire écorche la gorge, déchirent de leurs ongles la soie âpre des étendards que les aïeules, aux matins d’espérance, chamarrèrent de vols de chimères.

Et les reines dont les doigts et les bras sont lourds de trop précieuses pierreries lisent, en des parchemins enluminés de sinople, des histoires d’amour, de guerre et de mort, dont à peine elles peuvent comprendre le sens, tant leurs têtes chancellent sous le poids des antiques couronnes.

Soudain, dans le désert qui déroule ses sables aux portes des maudites capitales, la horde des barbares de la nuit, secouant le lourd tonnerre de leurs tympanons, galope en orbes d’ombre autour