Page:Stupuy - Henri Brisson, 1883.djvu/27

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

mêmes des affaires de la République, d’appliquer leurs principes, de traduire les opinions en fait, en un mot de prendre les responsabilités et les initiatives. Et alors, à la tribune, dans les Commissions, au Siècle, il pousse à la constitution d’un gouvernement ferme et homogène, à l’épuration du personnel, à la transformation d’une république factice en république réelle, à la mise en harmonie des institutions et du régime. L’orateur, l’écrivain, trouve à cette époque ses plus brillants succès.

Il a écrit une appréciation de l’éloquence de M. Dufaure qui reste comme un modèle du genre. Que de traits, dans ce petit chef-d’œuvre pourraient s’appliquer à l’orateur auquel il est dû ! Le voici tout entier :

C’est un homme de taille moyenne et de tenue correcte ; l’apparence est robuste, bien que l’allure du corps, légèrement infléchi en avant et sur la droite, se ressente des préoccupations constantes d’un esprit méditatif. Ne cherchez ni dans sa physionomie ni dans sa conversation de trait qui vous charme : vous seriez déçu. La tête est carrée, l’œil est profond, la lèvre puissante, la mâchoire a été modelée pour mordre fort et pour tenir ferme. Granville, s’il eût voulu le peindre, aurait trouvé sous son crayon, et comme malgré lui, le visage d’un bouledogue. Son abord est froid : une politesse parfaite, quelquefois glaciale ; avez-vous à l’entretenir d’une affaire, il ne vous fera pas perdre votre temps, ni vous le sien, il sait ce que valent les heures ; soyez certain que les quelques questions qu’il