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sœur Paulina fut mariée à Servien, et il eut pour femme Sabine. Son aïeul Marullinus fut le premier de cette famille qui devint sénateur du peuple romain.

Hadrien naquit à Rome, le neuf des calendes de février, sous le septième consulat de Vespasien et le cinquième de Titus. Ayant perdu son père à l’âge de dix ans, il eut pour tuteurs son cousin germain Ulpius Trajan, qui avait été préteur et qui parvint ensuite à l’empire, et Célius Tatien, chevalier romain. II fut soigneusement instruit dans les lettres grecques, pour lesquelles il avait un goût si prononcé, que quelques personnes l’appelaient le petit Grec.

II.

A quinze ans il retourna dans sa patrie, et il entra de suite au service. Mais sa passion pour la chasse lui attira quelques reproches, et le fit même rappeler par Trajan, qui en prit soin comme de son fils, et qui le fit recevoir, peu de temps après, au nombre des décemvirs chargés de juger les procès. On le créa ensuite tribun de la seconde légion adjutrice ; et, vers la fin du règne de Domitien, il fut envoyé dans la basse Mésie, où l’on prétend qu’un astrologue lui confirma, sur son futur avénement à l’empire, la prédiction de son grand oncle paternel Elius Adrien, très versé dans la science des observations célestes. Lorsque Nerva eut adopté Trajan, Adrien, qu’on envoya porter au vieil empereur les félicitations de l’armée, fut transféré dans la haute Germanie, d’où il partit presque aussitôt, pour annoncer, le premier, à Trajan la mort de Nerva.

Servien, son beau-frère, qui avait indisposé Trajan contre lui, en l’instruisant de ses dépenses et de ses dettes, chercha à le retenir longtemps en route, et imagina, pour retarder sa marche, de faire briser sa voiture. Adrien fit le reste du chemin à pied, et devança même le courrier qu’avait dépêché Servien. Il jouit quelque temps de la faveur de Trajan. Mais les instituteurs des mignons de ce prince, lesquels avaient sur lui beaucoup de pouvoir, parvinrent, à l’instigation de Gallus, à exciter sa jalousie contre ce nouveau favori.

C’est alors qu’Adrien, inquiet sur les sentiments de l’empereur à son égard, consulta les sorts Virgiliens ; il reçut cette réponse : « Quel est ce vieillard qui paraît dans le lointain, avec la couronne d’olivier et les objets sacrés du culte ? Je le reconnais à sa chevelure et à sa barbe blanche ; c’est un roi, c’est le premier qui fondera sur des lois la naissante grandeur de Rome : de sa petite ville de Cures et de l’humble champ de ses pères, il sera appelé au gouvernement d’un puissant empire. »

D’autres prétendent que sa destinée lui fut révélée par les livres Sibyllins. Ce qui est certain, c’est qu’il conçut l’espoir de devenir empereur d’après une réponse qui lui fut donnée dans le temple de Jupiter Vainqueur, et dont le philosophe platonicien Apollonius de Syrie a fait mention dans ses livres.

Enfin les bons offices de Sura le firent rentrer en grâce auprès de Trajan, qui, à la sollicitation de son épouse Plotine (car Marius Maximus dit que ce prince y était faiblement disposé), consentit qu’il épousât sa nièce, fille de sa sœur.

III.

Adrien prit la questure sous le quatrième consulat de Trajan et le premier d’Arunculéius. L’accent un peu provincial dont il lut dans le