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l’anniversaire de sa naissance, il fit paraître dans l’arène mille bêtes féroces.

VIII.

Il fit participer à l’autorité impériale les membres les plus distingués du sénat. De tous les jeux du Cirque qui lui furent décernés, il n’accepta que ceux qui étaient destinés à célébrer le jour de sa naissance, et il déclara plus d’une fois, en présence du peuple et des sénateurs, « qu’il gouvernerait la république de manière à prouver qu’il la regardait comme le bien du peuple, et non comme le sien. » Il investit d’un troisième consulat plusieurs citoyens, parce qu’il avait lui-même été trois fois consul. Il en appela un grand nombre d’autres à l’honneur d’un second consulat. Il ne fournit que quatre mois de son troisième, pendant lesquels il rendit souvent la justice. Il assistait toujours, quand il était à Rome ou près de là, aux assemblées régulières du sénat. Il rehaussa même, par la rareté des nominations, la dignité de ce corps : ainsi, ayant revêtu Tatien des ornements consulaires, après sa préfecture du prétoire, il le fit ensuite sénateur, pour montrer qu’il n’avait pas de plus beau titre à lui conférer. Il ne permit pas aux chevaliers romains de juger sans lui ni même avec lui la cause d’un sénateur ; car il était alors d’usage que, pour les affaires qu’il évoquait à son conseil, le prince y appelât les sénateurs et les chevaliers, et prononçât d’après leur avis la sentence. Enfin il témoigna une vive indignation contre les empereurs qui avaient eu peu d’égards pour le sénat. Son beau-frère Servien, auquel il marquait tant de déférence, qu’il sortait toujours de son appartement pour aller au devant de lui quand celui-ci venait le visiter, fut élevé, sans l’avoir sollicité ni demandé, à un troisième consulat, que pourtant il ne partagea point avec Adrien, ce prince, ne voulant pas que Servien, deux fois consul avant lui, n’opinât qu’après lui dans le sénat.

Tout en se conduisant ainsi, Adrien abandonna plusieurs provinces acquises par Trajan, et il détruisit, contre tous les vœux, le théâtre que ce prince avait fait élever dans le champ de Mars. Cette conduite fit d’autant plus de peine qu’en exécutant ce qu’il savait devoir déplaire au peuple, il feignait d’agir d’après l’expresse volonté de Trajan. Ne pouvant plus supporter le pouvoir de Tatien, son préfet et autrefois son tuteur, il résolut de le faire périr ; mais il changea d’avis, à cause de la haine qu’avait déjà soulevée contre lui la mort de quatre consulaires, quoiqu’il attribuât ce meurtre aux conseils de Tatien lui-même. Comme il ne pouvait lui donner de successeur, parce que celui-ci n’en demandait pas, il parvint à le déterminer à faire cette demande ; et dès qu’il l’eut faite, il transmit son pouvoir à Turbon. Il remplaça aussi l’autre préfet, Similis, par Septicius Clarus.

Après avoir éloigné ces deux hommes auxquels il était redevable de l’empire, il se rendit dans la Campanie, où il aida toutes les villes par ses bienfaits et ses largesses, où il rechercha l’amitié de tous les hommes distingués. A Rome, il entretenait avec les préteurs et les consuls un commerce assidu de bons offices ; il assistait aux festins de ses amis ; il visitait deux ou trois fois par jour les malades, quelques chevaliers et certains affranchis ; il leur portait ses consolations, les aidait de ses conseils, et les admettait à tous