Page:Suétone - Les écrivains de l’Histoire Auguste, 1845.djvu/347

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

x

ÉLIUS VÉRUS. 325

ÉLIUS VÉRUS, PAR ÉLIUS SPARTIEN.


À L’EMPEREUR DIOCLÉTIEN.

SOMMAIRE.

I. Dédicace à Dioclélien. — IT. Sur l’étymologie du nom de César. Les ancêtres d’Élius Vérus. — [IL Son adoption par Adrien. Ses litres. Sa mauvaise santé. Motifs honteux de cette adoplion. Connaissances d’Adrien en astrologie. — IV. Passages de Virgile appliqués à Vérus. Sa mort. — V. Son portrait. Ses talents. Ses goûts el ses plaisirs. Son fils est adopté par Marc-Aurèle. — VI. Regrets d’Adrien concernant l’adoption de Vérus. Désespoir de celui-ci. Ses funérailles. Adrien adopte Antonin. — VI. Monuments élevés à la mémoire de Vérus. Plan de l’auteur de cetle vie.


I.

A L’EMP. DIOCLETIEN, ELIUS SPARTIEN, SALUT.

Auguste Dioclétien, qui, de tant d’empereurs, êtes le plus grand, j’ai dessein de soumettre aux lumières de votre divinité non seulement l’histoire des princes qui ont occupé le trône où vous êtes glorieusement assis, comme je l’ai écrite jusqu’au divin Adrien, mais aussi la vie de ceux qui, sans avoir été empereurs ni Augustes, portèrent le nom de Césars, ou qui, à un titre quelconque, ont paru pouvoir se flatter de parvenir au rang suprême. Je commencerai par Elius Vérus, qui reçut le premier le simple nom de César, quand son adoption par Adrien l’eut fait entrer dans la famille des empereurs. Mais ayant fort peu de chose à en dire, je me hâte, de peur que le prologue ne soit, comme on dit, plus long que la pièce, d’entrer en matière.

II.

La vie de Céjonius Commode, appelé aussi Elius Vérus, et qu’Adrien adopta dans sa vieillesse, au milieu des plus tristes infirmités et après ses voyages dans le monde entier, n’offre rien de mémorable, si ce n’est qu’il fut nommé César, non par testament, selon l’ancien usage, ni avec les formalités observées pour l’adoption de Trajan, mais à peu près de la même manière que, de nos jours, votre clémence a donné ce titre à Maximien et à Constance, comme à des jeunes gens d’une illustre origine, héritiers futurs de l’autorité impériale.

Les conjectures auxquelles a donné lieu le nom de César, le seul titre qu’ait porté le prince dont j’écris la vie, me paraissant devoir y être rapportées, je dirai que, suivant l’opinion des plus doctes et plus savants auteurs, ce mot vient de ce que le premier qui fut ainsi nommé avait tué dans un combat un éléphant, animal appelé Caesa dans la langue des Maures ; ou de ce qu’il fallut, pour lui donner le jour, faire à sa mère, qui était morte avant de le mettre au monde, l’opération appelée césarienne ; ou de ce qu’il naquit avec de longs cheveux ; ou enfin de ce que ses yeux étaient d’un bleu céleste et d’une vivacité extraordinaire. Mais il faut proclamer heureuse la nécessité, quelle qu’elle fût, de créer un nom devenu si fameux, et qui durera l’éternité du monde.

Celui dont je parle se nomma d’abord Lucius Aurélius Vérus. Adrien le fit ensuite passer par adoption dans la famille des Elius, c’est-à-dire dans la sienne, et le nomma César. Son père, à qui les uns ont donné le nom de Vérus, les autres celui de Lucius Aurélius, et d’autres encore celui d’Annius, s’appelait Céjonius Commode. Tous ses ancêtres,