Page:Suétone - Les écrivains de l’Histoire Auguste, 1845.djvu/386

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la conduite. Où est l’ancien Cassius, dont je porte inutilement le nom ? Où est Caton le Censeur ? Où sont les vertus de nos ancêtres ? II y a longtemps qu’elles ont disparu, et l’on ne songe même pas à les faire revivre. Marc-Aurèle fait le métier de philosophe ; il disserte sur la clémence, sur la nature de l’âme, sur le juste et l’injuste, et il ne sent rien pour la patrie. Vous voyez qu’il faudrait bien des glaives, bien des édits, pour rendre à l’état son ancienne forme. Malheur à tous ces gouverneurs de provinces ! Puis-je, en effet, regarder comme des proconsuls, comme des magistrats du peuple romain, ceux qui croient que le sénat, et Marc-Aurèle leur ont donné des provinces pour y vivre dans la débauche et pour s’y enrichir ? Vous connaissez le préfet du prétoire de notre philosophe : trois jours avant que d’être appelé à ces fonctions, il n’avait pas de pain, et tout d’un coup le voilà riche. Comment, si ce n’est en dévorant les entrailles de la république et des provinces ? Ils ont amassé des richesses ; elles rempliront le trésor épuisé. Puissent seulement les dieux favoriser la bonne cause, et ramener pour la république le temps des Cassius ! » Cette lettre indique assez combien il eût été sévère et dur, s’il eût régné.


COMMODE ANTONIN,

PAR ÉLIUS LAMPRIDE


A L’EMPEREUR DIOCLÉTIEN.

p.

/ SOMMAIRE.

I. Naissance de Commode. Ses maîlres. Son caractère. —

IL. Ses premières dignilés. Ses vices. — III. Ses débau-

pistola ejus ad generum suum jam imperatoris hujusmodi : « Misera resp. quie istos divitiarum cupidos et diviles palitur misera. Marcus homo sane optimus : qui « dum clemens dici eupit , eos palilur vivere quorum ipse « non probat vitam. Ubi L. Cassius, cujus nos frustra « lenet. nomen ? Ubi Marcus ille Cato Censorius ? Ubi « omnis disciplina majorum ? quae olim quidem intercidit, « nunc vero nec quaeritur. Marcus Antoninus philosophatur, et querit de clementia , et de animis , el dé honesto « el justo, nec sentit pro rep. Vides mullis opus esse gladiis, tuultis elogiis, ut in antiquum statum publiea forma « reddatur. Ezo vero istis praesidibus provinciarum : an « ego proconsules , an ego præsides putem , qui ob hoc sibi «a senatu et ab Antonino provincias datas credunt, ut « luxurientur, ut divites fiant ? Audisti praef. praetorii « nostri philosophi , ante triduum quam fieret, mendicum « et pauperem, sed subito divitem factum. Unde quaeso « nisi de visceribus reip. provincialiumque fortunis ? Sint « locupleles ; ærarinm publicum refercient. Tantum dii « faveant bonis partibus. Reddant Cassiani reip principatum. » Haec epistola ejus indical quam severus et qnam 7 fristis futurus fuerit imperator.


— ÉLIUS LAMPRIDE.

ches. — IV. Il échappe à une conspiration contre sa vie. Ses vengeances. — V. Il se livre entiérement aux plaisirs, et laisse à Pérennis tout le soin des affaires. Ses incestes. Pouvoir exorbitant de Pérennis. — VI. Tl abandonne ce favori à la fureur des soldats, et il le remplace par Cléandre. — VII. Il abandonne, à son tour, Cléandre à la vengeance du peuple. Ses meurtres. — VIII. Ses surnoms. il veut faire appeler Rome colonie de Commode. — X. Son dernier projet de meurtre est révélé par un enfant. Sa dévotion à Isis. I] tue des hommes à coups de massue ou à coups de flèches. — X. Ses autres cruautés. Son goût pour toutes les choses obscènes. — XI. Ses cdieuses fantaisies. 11 donne ses noms à plusieurs mois de l’année. Ses combals contre les gladiateurs. — XII. Datesdes principaux événements de sa vie. Énumération de ses combats dans l’arène. — XIII. Sa force comme gladiateur. Succès de ses lieulenants. Sa paresse. — XIV. Lui et ses favoris vendent tout dans l’empire. — XV. Ses habitudes de gladiateur. 11 ordonne de massacrer le peuple et d’incendier Rome.

— XVL Prodiges et présages qui arrivèrent sous son règne. — XVII. Sa parcimonie. Il est Lué par Létus et Martia. Son portrait. Ses monuments. Il est mis par l’empereur Sévére au rang des dieux. — XVIII. Sa mémoire est poursuivie dans le sénat par des cris furieux. — XIX. Ses stalues sont renversées.


I. On a suffisamment parlé, dans la vie de Marc-Aurèle, de la famille de Commode Antonin. Ce prince naquit à Lanuvium avec son frère Antonin Géminus, la veille des calendes de septembre, sous le consulat de son père et de son oncle. Son aïeul maternel était né, dit-on, dans le même endroit. Faustine rêva, étant enceinte de Commode et de son frère, qu’elle accouchait de deux serpents, dont l’un était plus féroce que l’autre : elle mit au monde Commode et Antonin. Celui-ci ne vécut que quatre ans, quoique les mathématiciens eussent promis, d’après le cours des astres, une destinée égale aux deux frères.

Antonin étant donc mort, Marc-Aurèle tâcha de