elle-même le nom de sénat Commodien, et elle appela Commode Hercule et dieu.
IX.
Il feignit une fois, pour se faire payer des frais de voyage, de vouloir aller en Afrique ; il reçut cet argent, et le dépensa en festins et au jeu. Il empoisonna avec des figues le préfet du prétoire Motilène. On lui érigea des statues qui le représentaient en Hercule, et des victimes lui furent immolées comme à un dieu. Il avait résolu la mort d’un grand nombre de personnes, et l’avis en fut donné par un enfant, qui jeta hors de la chambre du prince la liste où étaient écrits les noms de ceux qui devaient périr.
Commode pratiquait le culte d’Isis, au point de se faire raser la tête et de porter un Anubis. Il ordonna aux adorateurs de Bellone, par un raffinement de cruauté, de se faire au bras de véritables blessures. Il força les prêtres d’Isis à se frapper jusqu’au sang la poitrine avec des pommes de pins. Lorsqu’il portait l’Anubis, il donnait de rudes coups sur les têtes nues des prêtres Isiaques, avec la bouche de l’idole.
Armé d’une massue et couvert de vêtements de femme ou d’une peau de lion, il assomma non seulement des lions, mais aussi des hommes. A ceux qui étaient faibles des jambes et qui ne pouvaient marcher, il donnait une taille gigantesque, en les faisant envelopper, depuis les genoux jusqu’en bas, de linges et d’étoffes dont l’arrangement rappelait la forme des dragons ; puis il les tuait à coups de flèches. Il souilla par un homicide réel les mystères de Mithra, où l’on ne fait que dire et feindre des choses effrayantes.
X.
Il fut, dès son enfance, gourmand et impudique. Dans sa jeunesse, il commit toutes sortes d’infamies avec ceux qui l’entouraient, et il se prêta à toutes les leurs. Quiconque se moquait de lui était exposé aux bêtes. Il fit même subir ce supplice à quelqu’un qui avait lu dans Suétone la vie de Caligula, parce qu’il était né le même jour que cet empereur. S’il entendait dire à quelqu’un qu’il voudrait être mort, il le faisait tuer aussitôt, malgré ses refus. Dans ses jeux même il était cruel : ainsi, parmi les cheveux noirs d’un homme en ayant vu de blancs qui ressemblaient à des vermisseaux, il en approcha un étourneau, qui, croyant donner la chasse à des vers, ne fit bientôt qu’une plaie de la tête de ce malheureux. Il fendit, un jour, le ventre à un homme gras, pour en voir sortir précipitamment les intestins. Il appelait par dérision ses monopodes et ses borgnes ceux à qui il avait fait couper un pied ou crever un œil. Il fit périr partout un grand nombre d’hommes ; les uns parce qu’ils s’étaient présentés devant lui habillés comme les barbares ; les autres parce qu’ils avaient l’air noble et distingué. Il aimait particulièrement ceux qui portaient les noms des parties honteuses des deux sexes, et il les embrassait de préférence. Parmi ses familiers était un homme pourvu d’un énorme membre viril, et qu’il appelait Onon ; il l’enrichit, et le fit grand prêtre d’Hercule des champs.
XI.
On dit qu’il mêla souvent des excréments humains aux mets les plus recherchés, et même qu’il en goûta, pour se donner le plaisir, en croyant tromper ses convives, de leur en voir manger. Il se fit servir sur un plat d’argent deux bossus tout rabougris et couverts de moutarde, et