Page:Suétone - Les écrivains de l’Histoire Auguste, 1845.djvu/392

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

il leur donna aussitôt des dignités et des richesses. Il fit jeter dans un vivier, en présence de tous les officiers du palais, et avec sa toge, le préfet du prétoire Julien. Il le força aussi à danser nu devant ses concubines, en jouant de la cimbale et le visage barbouillé. Afin de mieux nourrir sa luxure, il se fit rarement servir à table des légumes cuits. Il se baignait sept et huit fois par jour, et mangeait dans le bain. Il commettait des impuretés, et versait le sang humain jusque dans les temples des dieux. Parfois aussi, faisant le médecin, il saignait jusqu’à la mort ceux qui se disaient malades.

Attentifs à tout ce qui le flattait, les courtisans changèrent en son honneur les noms de quelques mois : celui d’août fut appelé Commode ; celui de septembre, Hercule ; d’octobre, l’Invincible ; de novembre, le Triomphant ; de décembre, l’Amazone. Ce dernier mois fut ainsi nommé de sa concubine Martia, dont il affectionnait un portrait qui la représentait en Amazone ; et par amour pour elle, il voulut lui-même se montrer sous ce costume dans l’arène de Rome. Il combattit aussi contre les gladiateurs, et il accepta les noms des plus fameux avec autant de joie que des titres triomphaux. Il prit souvent part à ces combats, et, chaque fois, il ordonnait de le consigner dans les monuments publics. Il combattit, dit-on, sept cent trente-cinq fois.

XII.

Il fut fait César le quatre des ides d’octobre, qu’il nomma plus tard les ides d’Hercule ; Pudens et Pollion étaient alors consuls. On lui donna le nom de Germanique aux ides d’Hercule, sous le consulat de Maxime et d’Orphite. Il fut reçu prêtre dans tous les collèges sacerdotaux le treize des calendes Invincibles, sons les consuls Pison et Julien. Il partit pour la Germanie sous le même consulat, le quatorze des calendes Eliennes, ainsi qu’il les appela depuis. Il prit la toge virile, et fut salué empereur avec son père, le cinq des calendes Triomphantes, sous le second consulat de Pollion et d’Aper. Il triompha le dix des calendes Amazoniennes, sous les mêmes consuls. Il partit de nouveau le trois des nones Commodiennes, Orphite et Ruffus étant consuls. Il fut confié pour toujours à la fidélité de sa garde, dans le palais Commodien, par l’armée et le sénat, le onze des calendes Romaines, sous le second consulat de Présens. Instruits qu’il méditait un troisième voyage, le sénat et le peuple le retinrent à Rome. On fit des vœux pour lui aux nones Pies, sous le second consulat de Fuscianus.

On trouve écrit qu’il combattit trois cent soixante-cinq fois, du vivant de son père. Il remporta ensuite tant de fois la palme des gladiateurs, en domptant des rétiaires, ou en les tuant, qu’il en montrait jusqu’à mille. Il tua de sa main plusieurs milliers de bêtes féroces, même des éléphants ; et tout cela, il le fit ayant pour spectateur le peuple romain.

XIII.

Il montrait de la vigueur dans tous ces exercices, quoiqu’il fût d’ailleurs d’une constitution faible et débile ; il avait même entre les aînes une tumeur si considérable, qu’on la voyait à travers ses vêtements de soie. On a écrit contre lui beaucoup de vers, dont Marius Maximus parle avec éloge dans son ouvrage. Il déployait