plein de trouble, au sénat, et il obtint que ce général fût déclaré ennemi. On fixa aussi, pour les soldats qui avaient suivi son parti, un délai, passé lequel on devait les traiter comme lui, s’ils ne s’en étaient pas détachés. Le sénat leur députa, en outre, des consulaires, pour les engager à abandonner Sévère, et à reconnaitre l’empereur élu par cette assemblée. Parmi ces députés se trouvait Vespronius Candidus, qui avait jadis été consul, et que les soldats haïssaient depuis ce temps-là, pour son avarice et sa dureté. Valérius Catulinus fut envoyé pour succéder à Sévère, comme s’il était possible de remplacer un homme qui s’était attaché les soldats. On fit partir en même temps, avec ordre de tuer Sévère, le centurion Aquilius, connu comme meurtrier de plusieurs sénateurs. Julien, de son côté, ordonna de conduire les prétoriens au champ de Mars, et de fortifier les tours. Mais les soldats, corrompus et amollis par les plaisirs de la ville, apportaient une extrême répugnance aux exercices militaires, et se faisaient même remplacer, pour de l’argent, dans le travail assigné à chacun d’eux.
VI.
Cependant Sévère s’approchait de Rome à la tête de ses légions irritées, et Julien, à qui le peuple témoignait tous les jours plus de haine et de mépris, n’avançait rien avec l’armée prétorienne. Ingrat envers Létus, qui l’avait soustrait à la cruauté de Commode et qu’il croyait partisan de Sévère, il le fit mettre à mort. Il ordonna aussi de tuer Martia. Tandis que Julien se conduit ainsi, Sévère s’empare de la flotte de Ravenne : les députés du sénat, qui avaient promis leur concours à l’empereur, se rangent sous les drapeaux de son ennemi; et Tullius Crispinus, préfet du prétoire, à qui l’on avait donné le commandement de la flotte contre ce rebelle, revient vaincu à Rome. Dans ces conjonctures, Julien demanda au sénat que les vestales, tous les prêtres et les sénateurs eux-mêmes allassent au devant de l’armée de Sévère, et, la tête ceinte de bandeaux sacrés, implorassent sa pitié ; mais c’était employer un bien faible secours contre des barbares. Telles étaient toutefois les prétentions de Julien. Faustus Quintillus, consulaire et augure, combattit cette demande, alléguant que celui-là n’était pas digne de l’empire, qui ne pouvait résister, les armes à la main, à son adversaire ; et cet avis fut partagé par beaucoup de sénateurs. Julien, outré de ce refus, fit sortir les soldats de leur camp, pour forcer le sénat à obéir, ou pour le massacrer. Mais une telle résolution fut désapprouvée : devait-il, en effet, se montrer l’ennemi d’un ordre qui s’était déclaré pour lui contre Sévère? Prenant donc un meilleur conseil, il se rendit au sénat, et demanda un sénatus-consulte qui partageât l’empire; ce que l’on fit sur-le-champ.
VII.
Chacun alors se rappela le présage qu’il avait fourni lui-même le jour où il avait reçu l’empire. En effet, le consul désigné ayant dit, dans la conclusion de son avis sur cette élection, « Je pense qu’il faut nommer empereur Didius Julien, » celui-ci reprit aussitôt : « Ajoutez Sévère; » or, c’était un surnom qu’il avait pris de son aïeul et de son bisaïeul. Il y a toutefois des auteurs qui affirment que Julien ne pensa jamais