Page:Suétone - Les écrivains de l’Histoire Auguste, 1845.djvu/414

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se vengea aussi, par des outrages et des confiscations, de plusieurs villes qui avaient embrassé sa cause. Il fit mettre à mort les sénateurs qui avaient combattu, comme généraux ou comme tribuns, pour Niger. Il remporta ensuite plusieurs avantages du côté de l’Arabie, et il soumit les Parthes et les Adiabènes, qui avaient tous fait cause commune avec son ennemi. Aussi lui décerna-t-on, à son retour, les honneurs du triomphe, et les surnoms d’Arabique, d’Adiabénique et de Parthique. Mais il renonça au triomphe, pour ne pas célébrer une victoire remportée sur ses concitoyens : il refusa aussi le surnom de Parthique, dans la crainte de provoquer les Parthes.

X.

A son arrivée à Rome, après la guerre civile de Niger, il reçut la nouvelle d’une autre révolte suscitée en Gaule par Clodius Albin; événement qui fut cause que l’on fit mourir les fils de Niger avec leur mère. Il fit aussitôt déclarer Albin ennemi publie, avec ceux qui avaient écrit ou répondu à ce rebelle avec trop de ménagement. Il marcha ensuite contre lui, et, en route, afin d’ôter à son frère Géta l’espérance de régner, il créa César à Viminate son fils aîné Bassien, auquel il fit prendre les noms d’Aurèle Antonin, parce qu’il avait rêvé qu’un Antonin lui succéderait. Quelques auteurs prétendent que Géta prit aussi le nom d’Antonin, dans l’espoir de devenir son successeur au trône. D’autres pensent qu’il le porta du consentement de Sévère, qui voulait lui-même entrer dans la famille de Marc-Aurèle. Les généraux de Sévère furent d’abord vaincus par les troupes d’Albin. Inquiet sur l’issue de cette guerre, l’empereur consulta les augures pannoniens : il apprit d’eux qu’il serait vainqueur, que son ennemi n’échapperait pas, mais ne tomberait point en son pouvoir, et périrait près d’un endroit plein d’eau, Un grand nombre des amis d’Albin l’abandonnèrent aussitôt ; plusieurs de ses généraux furent pris, et punis par Sévère.

XI.

On combattit en Gaule avec des chances diverses. Sévère remporta d’abord une victoire complète sur Albin à Tiburtium ; mais son cheval s’étant abattu, il courut le plus grand danger; on le crut même mort d’un coup de balle de plomb, et l’armée fut sur le point d’élire un autre empereur. Ayant lu, pendant cette guerre, des actes où l’on faisait l’éloge de Clodius Celsinus d’Adrumète, parent d’Albin, il s’emporta contre les sénateurs, les accusant d’avoir voulu servir ainsi les intérêts d’Albin, et il ordonna, comme pour se venger d’eux, que l’on mit Commode au rang des dieux. Il fut aussi le premier qui donna, devant les troupes, le nom de divin à cet empereur; et il l’écrivit au sénat, en lui envoyant la relation de sa victoire. Il ordonna ensuite de mettre en pièces les cadavres des sénateurs qui avaient été tués dans cette guerre. Quand on lui apporta le corps d’Albin à peine expiré, il lui fit trancher la tête, qu’il envoya aussitôt à Rome avec des lettres. Albin fut vaincu le onze des calendes de mars. Ce qui restait de son cadavre fut exposé, puis coupé en morceaux devant la maison de Sévère. Lui-même poussa son cheval sur ces restes mutilés, et, voulant l’associer à sa rage, le força, malgré sa répugnance, à les fouler aux